Les risques psychosociaux ont pendant longtemps été refoulés par les entreprises. Considéré comme davantage individuels que collectifs, l’ignorance ou le rejet a été préféré aux recherches sur ce sujet, jusqu’à ce que le bien-être au travail devienne un mot d’ordre quant à l’efficacité au travail. Par ailleurs, juridiquement parlant, les risques psychosociaux n’appartiennent à aucune classification juridique spécifique ni en France ni en Europe (Lerouge, 2009). Sans être ignorés, ils ne sont pas traités à leur juste mesure, malgré l’engouement des médias pour les affaires récentes de suicides ou de harcèlement dans les grandes entreprises.
Qu’est-ce que les RPS ?
Les Risques PsychoSociaux (RPS) ont connu différentes linéatures, en cause la difficulté à les mettre en lumière. Le Collège d’Expertise sur le suivi statistique des risques psychosociaux ont donné une définition précise et complète :
« risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental ».
Les RPS impactent donc différents domaines de la vie professionnelle comme les conditions de travail ou d’emplois (contrats précaires…) ou des transformations néfastes pour la santé (troubles musculo-squelettiques, état de stress, burn-out…) mais aussi de la vie personnelle car sa limite avec la vie professionnelle est brisée. Même si l’on retrouve ces phénomènes davantage chez les cadres, on s’aperçoit de plus en plus que toutes les catégories socio-professionnelles sont touchées.
Les différents types de RPS
Ce phénomène regroupe plusieurs notions de souffrance au travail:
- le stress ;
- les violences internes : tout comportement visant à affecter la dignité, la santé ou l’avenir professionnel d’une personne. C’est le cas du harcèlement moral par exemple. Les auteurs de ses agressions peuvent être une seule personne ou tout un groupe d’individus, possédant ou non du pouvoir dans l’organisation, sur une ou plusieurs personnes. Malgré les idées reçues, il n’existe pas de victimes types. En revanche, les harceleurs sont souvent des individus bien intégrés dans l’entreprise, possédant les caractéristiques d’une personnalité pathologique telle que la perversion narcissique par exemple. Mais attention à ne pas confondre conflit ou désaccord avec harcèlement moral.
- les violences externes : ce type d’agression touche les professions en contact avec un public ou une clientèle. 25% des salariés concernés affirment être victime d’agressions verbales et 2% d’agressions physiques (enquête Sumer 2003). Trois types de sévices sont recensés : les violences physiques et les morales, qui touchent les professions de service ; les vols, rackets et homicides, dont les principales victimes travaillent dans le secteur bancaire ou le commerce ; les actes de vandalisme (dégradations matérielles) qui heurtent toutes les sphères professionnelles. Ces agressions ont de lourdes conséquences autant pour les employés qui ont un fort sentiment d’insécurité que pour les employeurs qui voient leurs responsabilités civiles et pénales mises en cause lors d’incidents.
- l’épuisement professionnel : il s’agit d’une conséquence du stress chronique, qui touche particulièrement les secteurs d’aide et les secteurs médicaux. Il se produit lorsque le décalage entre ce que l’employé se représente de son métier et la réalité du terrain est trop important. Trois sortes de burn-out sont ainsi recensés : l’épuisement émotionnel (sentiment de vide interne), la dépersonnalisation (vision négative voire insensibilité des relations à autrui) et le sentiment de non-accomplissement (dépréciation de ses capacités). Les facteurs de risque sont nombreux et passent par la défaillance du soutien social perçu, de la quantité de travail exigé etc…Les signes de burn-out sont de l’ordre cognitif, physique et/ou émotionnel, à divers degrés.
Le suicide lié au travail
Ce phénomène apparaît généralement à la suite d’une dépression causée par le stress chronique. Les sources de cette issue fatale sont le plus souvent le harcèlement moral ou sexuel, les violences (internes et externes) mais aussi le job strain (déséquilibre entre les exigences d’un poste et la marge de manœuvre de l’employé). Lors d’un suicide sur le lieu de travail ou en lien avec le travail, le plus délicat est de prendre en charge les collègues de la victime afin d’éviter la “contagion” et le syndrome post-traumatique. Une prise en charge psychologique profonde (individuelle ou collective) est nécessaire.
Prévention des RPS
Il est nécessaire d’adapter le travail à l’homme et l’homme au travail. Il existe trois niveaux de prévention des risques psychosociaux:
- la prévention primaire : l’action se veut de combattre les sources des risques. Pour cela, elle se centre sur l’organisation du travail en elle-même : son fonctionnement, la santé et la sécurité des salariés etc… ;
- la prévention secondaire : elle consiste à réduire les conséquences des RPS en donnant les moyens aux salariés de faire face tels que la gestion du stress, des émotions, ou encore du temps de travail ;
- la prévention tertiaire : elle s’apparente à un traitement réactif d’urgence des victimes de RPS pour les aider à s’acclimater à nouveau au travail. Cela peut consister en une cellule psychologique, ou un suivi post-traumatique par exemple.
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