Une étude longitudinale en deux volets a permis à des chercheurs de mieux comprendre le processus d’implantation d’interventions en santé psychologique au travail. Quatre organisations engagées dans une telle démarche y ont participé. L’étude a été réalisée auprès de gestionnaires à l’aide de deux mesures par questionnaire administré à trois mois d’intervalle et d’entrevues individuelles. Ils ont aussi participé à une séance d’information au cours de laquelle 25 outils de gestion des risques psychosociaux (RPS) leur ont été présentés.
Le premier volet de l’étude, qui visait l’identification des facteurs influençant l’adoption de pratiques de gestion favorables à la santé psychologique, a fait ressortir l’importance de ce qu’on appelle le climat de sécurité psychosociale. En effet, les gestionnaires qui perçoivent que leur organisation se préoccupe des RPS sont plus enclins à adopter de bonnes pratiques de gestion à cet égard. L’adoption de celles-ci est d’ailleurs favorisée lorsque les gestionnaires sont eux-mêmes en bonne santé psychologique, qu’ils ont une latitude décisionnelle élevée et qu’ils entretiennent des relations harmonieuses avec leurs subordonnés. Si la direction planifie des interventions préventives à l’intention des gestionnaires, on peut penser que celles-ci produiront un effet de cascade et une influence positive sur la santé psychologique des personnes dont ils supervisent le travail.
Pour le deuxième volet, qui visait à établir les facteurs facilitant ou entravant la démarche préventive, quatre thématiques ont été étudiées : 1) le contexte organisationnel; 2) le contenu des interventions; 3) le processus d’intervention; 4) les effets obtenus. Les entrevues ont fait ressortir que l’engagement de la direction est le facteur facilitant les interventions le plus souvent cité par les participants, suivi de l’intégration de la démarche à la planification stratégique et d’une bonne stratégie de communication et de promotion de la démarche auprès du personnel. Par contre, la dispersion du personnel sur plusieurs sites, les relations tendues entre les participants à une intervention et la complexité de la démarche sont des facteurs entravants. Le recours à des ressources internes et externes est considéré comme un élément primordial pour accompagner l’organisation. Sur le plan du contenu de la démarche, la pertinence des activités de même que le fait que celles-ci soient tenues pendant les heures de travail ont une influence, estiment les gestionnaires qui ont aussi souligné leurs besoins en formation, en coaching et en soutien social. À la suite de la séance d’information sur les outils d’intervention, près de deux gestionnaires sur trois (63 %) disent avoir adopté de nouvelles pratiques de gestion des risques psychosociaux et la majorité d’entre eux a noté des effets positifs dans leur équipe, malgré que le tiers (34,5 %) reconnaisse avoir rencontré des difficultés en implantant cette nouvelle pratique.
« Sur le plan théorique, cette étude vient combler les lacunes en matière d’avancement des connaissances sur le processus et le contexte de l’intervention préventive, deux facteurs déterminants au regard de l’échec ou du succès d’une telle démarche. De plus, en faisant ressortir les éléments individuels, psychosociaux et contextuels influençant l’adoption de pratiques de gestion des RPS, l’étude permet donc d’entrouvrir la « boîte noire » de l’intervention et de son implantation. En établissant les éléments facilitant et entravant le processus, il sera ainsi plus facile de prévenir un déraillement », conclut Caroline Biron, professeure à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval.
Les résultats de cette étude financée par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) peuvent être consultés sans frais à http://www.irsst.qc.ca/
Une vidéo présentant le rapport est disponible ici : http://www.irsst.qc.ca/
Source
Jacques Millette
Responsable des affaires publiques
IRSST