Mieux vaut-il être entrepreneur en France ou aux États-unis ?

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J’ai tenté dans cet article de comparer (naïvement) les entrepreneurs français et américains dans l’univers des startups it.

L’aspect juridique ?

Concernant les formes de sociétés, il n’y a pas de grandes différences entre les SARL, SAS en France et les LLC, Corporation et S-Corporation des États-unis. Le décalage ne se situe donc pas à ce niveau.

L’enseignement ?

Dans certains pays, dont les États-Unis, l’enseignement d’entrepreneuriat y est fort. D’ailleurs, la Startup America (cf ci dessous) va financer une initiation à l’entrepreneuriat dès l’école primaire ! En France, rares sont les écoles où la création d’entreprise (innovante) est enseignée. Généralement on pousse plutôt les étudiants à trouver un CDI à l’issue de leurs études. Peut-être que les Français ont peur du risque ?

L’optimisme ?

Les Français sont connus pour leur pessimisme. Voici une enquête qui va peut être dans ce sens.

Source : enquête croisée auprès de 1 500 dirigeants de très petites entreprises publiée par le groupe Fiducial.

Question : « Diriez-vous que dans votre pays il est plutôt facile… ? » = Un climat plus favorable Outre-Atlantique

Entrepreneurs américains Entrepreneurs français
d’innover 55 % 37 %
de développer sa clientèle 50 % 35 %
d’avoir des crédits bancaires 50 % 27 %
de gérer son personnel 47 % 32 %
de bien gagner sa vie 44 % 12 %

Le marché ?

Au niveau du marché, les États-Unis ont l’avantage. Ils possèdent un vaste marché et il est donc plus facile de tester son produit et de le développer par la suite.

L’investissement ?

L’investissement dans les startups est certainement un des plus gros avantages des États-Unis. Entre les investissements publiques et les investissements privés, une startup californienne (ou autre) a beaucoup plus de chances de trouver des fonds et surtout en lèvera plus qu’en France, ce qui lui permettra d’être compétitive rapidement (et hors d’atteinte des startups française).

Néanmoins, en France cela commence à évoluer avec des organismes comme Jaïna, Kima ou Isai.

La politique ?

Assez récemment les États-Unis ont annoncé le programme Startup America. Sans entrer dans les détails, ce programme débloque 2,4 milliards de dollars au profit des startups high-tech. Ailleurs dans le monde (Corée du Sud, Japon, Chine et Angleterre), des programmes similaires sont engagés. Ces pays ont compris qu’il fallait financer l’innovation pour rester compétitifs.

Et la France, comment prépare-t-elle sont avenir pour être compétitive dans le futur ?

Et bien, elle va à contre-courant. Au lieu de miser sur l’avenir on réduit maintenant le soutien à la recherche et à l’innovation. Nous avons donc “seulement” 400 millions d’euros du grand emprunt pour l’amorçage des startups et 19 millions via les concours d’aides à la création d’entreprises innovantes. De plus, le crédit impôt recherche (CIR) va être réduit au 1er janvier 2012 (de 50% à 40% la première année, et de 40% à 35% la deuxième année) ; le calcul forfaitaire des dépenses de fonctionnement passera de 75% à 50% des frais de personnel R&D ;  les réductions de cotisations pour les jeunes entreprises innovantes (JEI) seront plafonnées et rendues dégressives à partir de la 4e année (valables initialement pendant 8 ans) ; enfin le budget des aides directes à l’innovation d’OSEO baissera de 20%.

Il est donc évident que la politique joue un rôle majeur et la politique française n’est pas favorable aux startups. Mais ne perdons pas espoir !

Arrêter de blablater ?

Ceci est simplement mon avis personnel mais je trouve qu’il y a une différence flagrante entres les entrepreneurs it américains et ceux français. Aux États-unis, la majorité des entrepreneurs sont des personnes issues de la technique (des geeks si on veut :p) alors qu’en France ils sortent souvent des écoles de commerces…Peut être est-ce une différence importante ? Car on sait que cela est facile d’avoir des idées de startups mais que le plus difficile est de les réaliser, de les développer. Or les geeks américains sont sûrement plus a même de mettre les mains dans le “cambouis” que nos chers entrepreneurs français issus des écoles de commerce qui ont des idées mais qui cherchent “juste” des employés geeks pour les réaliser ! Ainsi en France on a une fâcheuse tendance à rédiger des tonnes de documents, à souvent faire des interminables réunions avec des présentations powerpoint inutiles alors qu’aux States on développe son produit et on montre une démo. Peut être faudrait-il s’en inspirer ?

Pour conclure, je citerai Eric Besson : « Nous aurons réussi le jour où nous pourrons proposer à nos ingénieurs français ce que les États-Unis leur offrent aujourd’hui » avant d’ajouter « France is back ».

On espère de tout coeur que cela se réalisera !

4 comments

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  • Bjr,
    excellent billet.
    2 éléments importants qui vont aussi à contre-sens en France:

    1/l’administratif (création de SAS, urssaf, tva, lourdeur des procédures d’embauche et licenciement; droit du travail anti-flexibilité pour les startups

    2/tous les étudiants sortent sur le même pied d’égalité aux US; en France les écoles d’ingénieurs jouent l’élitisme à l’entrée (concours) et à la sortie (grands groupes, ENA etc); et donc il n’y a qu’en école de commerce qu’on retrouve un semblant d’égalité d’où le nombre d’entrepreneurs issus de cette filière.

    Enfin, la culture du business aux US adore tout ce qui est nouveau, et adule les preneurs de risques et les innovateurs dans l’approche business modèle, alors qu’en France, l’establishment business est très méfiant de tout ce qui sort des sentiers battus, et de business modèles différents. C’est très anti-risque.

    Cdlt,
    Rachid Sefrioui

  • @Rachid Sefrioui

    Bonjour,

    Merci pour votre commentaire. Heureux de voir qu’un profil tel que le votre à consulté mon blog amateur. Je suis particulièrement d’accord avec vous sur le dernier point. Nous sommes actuellement dans l’optique de faire une levée de fond d’amorçage est nous nous apercevons que le capital-risque en france n’a de risque que son nom (mise à part 2 ou 3 comme Kima Ventures, Jaïna Capital ou encore Isaï)…
    Espérons que cela évoluera dans le bon sens !

    Cordialement.

    Arnaud Knobloch

  • Bonjour,

    J’ai travaillé 20 ans en France dans le financement des entreprises (Conseiller commercial entreprise, puis directeur dans une banque de réseau assez tournée PME), j’ai aussi créé une entreprise en France (en Guadeloupe) avant de franchir le pas et créer My French neighbor en Floride.

    Pour moi, tout vient de la mentalité, dès l’école (j’ai 3 enfants de 6,9 et 12 ans à l’école ici depuis 18 mois).

    Ici, l’entrepreunariat, même simplement l’initiative est valorisée à 200%.

    Des gens passent la porte de notre magasin et nous disent “Je n’ai pas d’argent en ce moment donc je ne peux pas acheter mais je veux vous dire Merci et Bravo pour votre magasin !”.

    A l’école, si tu prends l’initiative de présenter un devoir hors demande des profs tu reçois des encouragements (extra note) non seulement des profs mais aussi des autres élèves. La notion de FAYOT n’existe pas.

    C’est clair que tu dois te débrouiller, il n’y a pas d’amortisseur. Tu dois être bon sinon tu gicles (un prof, dans le public, dont les résultats ne sont pas bons peut être licencié …).

    Ici, tu ne dois te cacher quand tu gagnes de l’Argent, ce n’est pas une honte !!!!!!

    Clairement tout n’est parfait, je ne suis pour le libéralisme effréné non plus mais la France est clairement sclérosée, à partir de l’école même.

    Un jour, à l’aéroport, j’ai vu une revue qui s’appelle “Devenir fonctionnaire”. Fonctionnaire c’est pas un métier ! Je comprendrais “Devenir Infirmière”, “Devenir Policier”, voire même “Devenir Secrétaire de Mairie” mais devenir Fonctionnaire, ça fait peur en terme de motivation.

    J’ai aussi vu à la télé des gamins de 16 ans manifester pour la retraite à 60 ans. Que certains veuillent se battre pour cet acquis, je peux le comprendre mais à 16 ans…… Il y aurait plus productif !

    Bref, il y a des idées à prendre.

  • Les exploitations agricoles familiales et les propriétaires de petites entreprises seront l’épine dorsale de nos communautés .
    Effort ne libère pleinement sa récompense auprès d’une personne ne quittera pas .

Arnaud Knobloch
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